Omar Aktouf tacle Bouchouareb : «ll ne s’agit pas d’importer des technocrates…»

Le professeur en économie et expert international, Omar Aktouf, était, hier mercredi, l’invité de la première édition du Forum consacré au débat économique du quotidien spécialisé en économie «Le Chiffre d’Affaires». Au début de son intervention, le professeur, qui fait partie de la diaspora algérienne, établie à l’étranger, et est actuellement Ph. D au Département de management à HEC de Montréal, au Canada, s’en est allé dans une optique résolument ésotérique et pas à la portée du profane. Cependant, il a eu à témoigner que les membres de la diaspora, dont il fait partie, sont totalement disposés à apporter leurs compétences, dont ils font preuve, auprès du pays pour peu que les autorités publiques leur fassent appel. Le professeur, connu pour son alter-mondialisme, s’est attaqué plus particulièrement à ce qu’il considère comme «l’économie financiarisée» du système ultra-capitaliste du style américain et anglo-saxon occidentaux, à qui il dit préférer le modèle développé, présentement, par des pays, comme l’Allemagne, la Scandinavie, le Japon, la Corée, a-t-il cité. La Malaisie est également un modèle de réussite économique, a plaidé Aktouf. Aujourd’hui, à l’échelle de la planète, l’économie se financise de plus en plus à la faveur de la conception néo-libérale en cours, en Occident, a-t-il argumenté, expliquant, expressément, que «la croissance ne peut être infinie parce que le monde est infini». L’autre invention de cette conception, en plus de celle de la croissance, a encore dit le conférencier dans un discours au ton philosophique, et quelque peu ésotérique, c’est l’idée communément répandue que le marché libre pouvait réguler, de lui-même, l’économie. Le marché est une hypothèse, a soutenu le professeur, concluant qu’en fin de compte ce sont les oligopoles qui régulent et manipulent le marché à l’échelle mondiale. Autre propos tenuspar l’orateur, il a estimé que les économies mondiales ne sont pas à l’abri d’une nouvelle bulle financière, comparable à celle qui est survenue en 2008. L’Algérie sera immanquablement touchée, si cette bulle devait avoir lieu, selon ses propos. Après le capitalisme industriel, confiné au Sud de l’Angleterre et en Europe, le capitalisme maximaliste américain, ambiant, a besoin de l’énergie, dont 85% des ressources se trouvent dans le monde arabe, a-t-il encore ajouté, et que dans le jeu géopolitique et économique développés par la superpuissance, l’Algérie ne peut en sortir indemne, et pour l’orateur de citer, à sa décharge, l’aspect, a-t-il nommément dit, guerrier, conquérant et fasciste du modèle économique capitaliste des puissants actuels de ce monde. Les crises dominant au Moyen-Orient, ainsi qu’en Libye, en sont l’exemple type, a-t-il énuméré. Sur un autre registre, Omar Aktouf s’est permis d’écorcher le ministre de l’Industrie et des Mines, et tenant à se démarquer de l’initiative de Abdessalem Bouchouareb de mener une délégation algérienne aux États-Unis, lançant carrément : «Ce n’est pas en Amérique qu’il va trouver des idées. Il ne s’agit pas d’importer des technocrates, mais de les former en Algérie», a tranché Aktouf. Se faisant plus clair, l’économiste a plaidé pour un développement auto-centré comme cela a été le cas pour la Chine, qui a pu en quatre-vingts années se hisser dans le concert des nations, a-t-il dit. Omar Aktouf en a de même appelé à faire associer dans le cadre d’une coopération avec l’État ce qu’il a nommé de secteur privé nationaliste-patriotique, pour le bien-être du pays et de la société. Dans un contexte plus général, il a déclaré souhaiter un débat national avec, comme dénominateur commun, d’associer toutes les parties, société civile, y compris. De même, il a lâché à propos de l’économie algérienne en particulier : «C’est le chaos et l’on navigue à vue depuis l’ouverture» démocratique. Le modèle algérien en cours se résume à pomper le pétrole et le gaz, puis à importer, a dit l’orateur. Apostrophé à remédier à cet état de choses, Omar Aktouf a, d’abord, commencé par expliquer qu’il faut au préalable un projet de société. En second lieu, il y a trois grands secteurs à développer, a-t-il dit, et de citer l’éducation, l’indépendance alimentaire par le biais de la valorisation des Hauts-Plateaux et les infrastructures, y compris les NTICs : nouvelles technologies de l’information et de la communication.
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